Jivya Soma Mashe "Warli Tribe" (français)
Jivya Soma Mashe chez lui avec l'un de ses fils, Sadashiv
JIVYA SOMA MASHE
WARLI TRIBE
MAHARASHTRA
Jivya Soma Mashe fait partie de la tribu Warli. Située dans le Thane District, à approximativement 150 km au nord de Bombay, la tribu Warli compte encore aujourd'hui plus de 300 000 membres. Les Warli n'ont rien à voir avec l'hindouisme. Ils ont leur propre mode de croyance, de vie et de coutume. Les Warli parlent un dialecte qui ne s'écrit pas.
Jusqu'à la fin des années 60, l'art pictural des Warli étaient le fait exclusif des femmes. Cet art rituel ancestral allait, au cours des années 70, subir un changement radical. Un homme, Jivya Soma Mashe, se mit à peindre, non pas à la seule occasion des rituelles, mais quotidiennement. Son talent fut très vite remarqué au niveau national, puis au niveau international.
Cette reconnaissance sans antécédent, entraîna dans son sillage nombre de jeunes gens. Ceux-ci, par une pratique quotidienne de peintures destinées à être vendues, acquirent rapidement un savoir-faire qui fit l'admiration des femmes. Aujourd'hui, rares sont les femmes qui peignent encore, laissant aux hommes cette tâche, y compris à l'occasion des peintures rituelles.
Jivya Soma Mashe, peinture sur papier, 1997, 13x18 cm
Jivya Soma Mashe, "Tarpana", 1998, acrylique et bouse de vache sur toile, 100x125 cm
L'histoire de Jivya Soma Mashe est singulière. Jivya Soma Mashe est né au début des années 1930 dans le village de Sauna. Abandonné par sa famille dés son plus jeune âge, il s'enferme dans un mutisme total. Sa seule façon de s'exprimer alors, est de tracer des dessins à même le sol. Cette attitude étrange lui vaut rapidement un statut particulier au sein de sa communauté. Les premiers émissaires du gouvernement, en charge de conserver et de promouvoir l'art des Warli, sont vite étonnés par les qualités artistiques de cet homme. De cette période de repli sur lui-même, Jivya Soma Mashe semble avoir conservé un imaginaire et surtout une sensibilité hors du commun. Le travail sur des supports comme le papier et la toile lui ont permis de s'affranchir des contraintes de la surface irrégulière et escarpée du mur. Jivya Soma Mashe a métamorphosé l'aspect abrupt des peintures éphémères en un style libre et franc d'où émane une grande sensibilité. Chaque détails de ses peintures en sont le témoignage. Le trait, la ligne et les points qui foisonnent, fourmillent, sur la toile vibrent et s'agencent au grès de compositions habiles qui, elles même, renforcent la vibration de l'ensemble. Le détail et la composition générale de l'oeuvre sont, l'un et l'autre, au service de la vie et du mouvement. Les thèmes récurrents de son oeuvre, l'activité quotidienne des siens et les légendes Warli, sont eux aussi le prétexte à un éloge constant de la vie et du mouvement.
Jivya Soma Mashe, "Fish Men", 1997, acrylique et bouse de vache sur toile, 115x146 cm
"Il y a les êtres humains, les oiseaux, les animaux, les insectes, etc. Jour et nuit il y a du mouvement. La vie est mouvement." Par ses propos, Jivya Soma Mashe, décrit le sentiment profond qui anime l'âme Warli. Adivasi, premiers habitants, les Warli nous parlent des temps les plus anciens et évoquent une culture ancestrale dont l'étude approfondie permettrait peut-être de révéler quelques-uns des fondements culturels et religieux de l'Inde moderne.
Hervé Perdriolle
(in Tribals Art magazine, Septembre 2001)
Jivya Soma Mashe, acrylique et bouse de vache sur toile, détail
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Copyright textes, photos et collection : Hervé Perdriolle