Kiss Sutra



Le « Kiss Sutra », titre de ce livre trouvé chez un bouquiniste de Calcutta, fait une analyse détaillée de l’art du baiser en mettant en parallèle des archives photographiques en noir et blanc représentants exclusivement, soit des sculptures de temples hindous, provenant de l’Archaeological Survey of India, soit des scènes de baisers mythiques du cinéma hollywoodien, provenant principalement de la Metro Goldwin Mayer.
Chaque document est accompagné d’une légende décrivant le style de baiser illustré: baiser dans le cou, du bout du nez, hésitant ou passionné.
Ce livre étant largement dévoré par les mites, je n’en conservais que les pages illustrées les moins abimées et me séparais du reste afin de ne pas contaminer le reste de ma bibliothèque. Une douzaine de pages que je faisais aussi tôt encadrer par un petit artisan du marché de Pondichéry.

Lingaraja temple and Metro Golwin Mayer

Left : Smiling lips about to indulge in a kiss. Sculpture from the Lingaraja temple, Bhubanesvar, 11th century. Right : The nose-kiss ! Rod Taylor and Yvette Mimieux in "The Time Machine" a Metro Golwin Mayer Production.

Autre partie de ma collection, une série de poupées du Tamil Nadu. Il y a seulement une vingtaine d’années, les jeunes filles de cette région de l’Inde jouaient encore avec des poupées en bois. A l’origine, elles étaient revêtues d’habits fabriquer par les enfants, maquillées et ornées de bijoux. Ces poupées s’inspiraient de deux personnages, un couple divin. Leur taille et la qualité de leurs finitions, toutes réalisées à la main par des artisans, dépendaient des moyens financiers de chaque famille. Leurs dimensions pouvaient aller de quelques centimètres à plus de 50. L’envergure des plus grandes leur conférait un poids certain, tant le bois dans lequel elles étaient sculptés étaient dense et dur.
Les femmes prêtaient à ce bois appelé « red cedar » des vertus médicinales. Aussi, les mères fabriquaient, à partir des poupées de leurs filles, un baume. Cet pommade était faite en ponçant le socle de ces statuettes et en mélangeant la sciure de bois ainsi obtenue avec de l’eau. Cette substance, étalée sur la peau, était censée protéger et guérir des piqûres d’insectes.
Aujourd’hui, les poupées originales sont de plus en plus recherchées et nombreuses sont les copies récemment fabriquées.
Je collectais, petit a petit, une cinquantaine de ces poupées. Toutes avaient été des jouets et portaient sur elles les stigmates de l’amour ou des colères dont elles avaient été l’objet. Certaines semblaient même avoir été martyrisées tant elles portaient des traces semblables à de profondes blessures.



Vue de la collection de poupées du Tamil Nadu, Centre d’Art Contemporain de Basse-Normandie, 2001.

raja ravi varma and indian dolls

Raja Ravi Varma original oleograph and Tamil dolls

Collectionneur ou artiste, je ne savais pas qu’un jour j’exposerai comme œuvre d’art, symptomatique d'une des mes préoccupations obsessionnelles : l'accouplement des sentiments contraires, ces deux couvertures de magazine que j’achetais à Pondichéry. Couvertures annonçant les décès de la Princesse Diana et de Mère Theresa, fin août / début septembre 1997.



Death of Princess Diana and Mother Theresa, Indian news magazine front cover, September 1997
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Copyright textes, photos et collection : Hervé Perdriolle

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